30.04.24 | Quelle histoire en temps de crises ?

La période contemporaine est caractérisée par des crises majeures (montées des extrêmes droites et des replis identitaires, guerres et remilitarisation, obscurcissement de l’avenir et dénis face aux défis environnementaux et sociaux, etc.), ainsi que par une mutation en cours de la mémoire des crimes de masse de la Seconde Guerre mondiale, en particulier du national-socialisme, au moment où disparaissent leurs derniers témoins survivant·es.

En quoi ce contexte inédit modifie-t-il, ou pas, le sens et les finalités du travail de l’histoire et de la mémoire ? Quelle influence a-t-il sur la transmission et l’appropriation d’une intelligibilité du passé et du présent passant par l’exercice d’une pensée historienne ? En quoi faudrait-il amender les questionnements de l’histoire sur les sociétés d’hier et d’aujourd’hui ? Ces questions seront abordées dans le cadre de deux sessions successives avec l’historien Nicolas Offenstadt qui travaille à la fois sur le Moyen Âge, la Grande Guerre, l’exploration urbaine contemporaine et l’épistémologie de l’histoire.

La première session évoquera l’apprentissage de l’histoire comme vecteur d’intelligibilité, ses finalités et ses modalités, en interrogeant notamment les usages de la comparaison et de l’analogie historiques, ce qu’ils peuvent apporter et ce qu’ils peuvent embrouiller sur des questions vives du présent qui font écho au passé comme l’extrême droite et le fascisme, la guerre de tranchées, les crimes de génocide, etc. Comment présent et passés sont-ils reliés ? Qu’en est-il du présent, de son incertitude et de ses possibles ?

La seconde session portera sur la fonction d’exploration et de découverte de l’histoire et de son apprentissage en lien notamment avec la fragilité des traces qui nous relient au passé et avec l’invisibilité de ses aspects occultés, enfouis, oubliés. Comment le travail d’histoire peut-il nous sensibiliser aussi à ces absences qui mènent parfois la recherche à « extraire le passé du présent » (d’après le titre d’un récent dossier Afriques, No 14, 2023) ? En quoi les crises contemporaines ouvrent-elles, ou pas, l’histoire à d’autres questionnements ou d’autres quêtes de traces ?